3 – La machine

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Aussi loin que pourra t’emmener la machine,
complètement dopé en plein coeur de l’usine,
tes veines craquelées pissant leur solexine ;
aussi loin que pourra t’abuser l’illusion
qu’une mode éclatant au dos de ton blouson
a quelque chose à voir avec le grand frisson :
t’es pas près d’oublier,
t’es pas près d’oublier
que cette foutue machine
ne veut pas s’détraquer.
Une banlieue sans néon c’est pire qu’une banlieue (pas vrai ?).
Te r’garde pas dans les flaques, là d’dans t’as l’air d’un vieux.
T’es coincé, t’es coincé, on pouvait pas faire mieux.
Alors quand ta lumière tu t’mets à l’appeller flash,

j’hésite à te parler, de peur que tu n’te fâches,
vu qu’à ce rythme-là la vie c’est pire qu’un match.
Tu voudrais oublier,

tu voudrais oublier
qu’si t’es né dans la banlieue

ce s’ra dur d’oublier.
OK ça déménage dans ton vieux rock-and-roll,
ça shampouine les neurones, ça fait rouiller les Rolls,
bien qu’il s’fasse à rebours le compte des années folles.
Mais qu’ont-ils fait d’Hendrix les rois du show-business ?
Et toi avec ta gratte tu t’retrouves dans la déche.
Tes doigts pétrissent le blues mais tu restes sur la brèche,
pour ne pas oublier,
pour ne pas oublier
qu’si t’es né dans la banlieue
t’as des chances d’y rester.
A croire ce qu’a dit le nouveau juif errant,
une sacrée réponse doit souffler dans le vent,
mais c’est l’ennui qui brûle dans les rues maintenant.
Et tu marches sous les pubes les poings dans les poches,
t’as même pas assez d’fric pour t’ach’ter la téloche,
tu rêves de te tirer sans même une valoche.
Si t’es né dans la banlieue,
ce s’ra dur d’oublier
que cette foutue machine
ne veut pas s’détraquer.
Mais si tu t’installes en ville,
prends des médicaments,
car si tu restes pas tranquille
y’aura même des agents.
(Toutes sortes d’agents)

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