4 – Rien à déclarer

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Eh toi ! l’ami, salut, voilà qu’tu recommences à traîner
ton vieux costume noir fatigué dans tous les bars.
Il m’semble qu’ça fait déjà un bout bon d’temps
que les gens du quartier ont fini par t’oublier.
Seul le barman a su que t’allais tout plaquer :
les copains, le boulot, les promesses et ta femme.
Qu’est-ce qui t’a pris, qu’est-ce que t’as cru fuir en partant ?
A-t-on crié ton nom de derrière l’océan ?
Et si aujourd’hui, si ce soir,
on vient te poser des questions,
tu nous regardes d’un air bizarre
et en souriant tu réponds :
« Rien à déclarer, rien à déclarer ».(bis)
Oui bien sûr, t’en as vu des pays et des villes.
T’as même dû certains soirs grelotter dans les squares.
Et la millième porte se fermant sur tes pas
a pris son courant d’air au coin de ton air d’exil.
T’as respiré le jazz qui coule le long des quais.
T’as salivé longtemps devant les boulangeries.
Ça t’as presque étonné après avoir tant marché
de te r’trouver un soir à la dernière frontière.
Et le premier foutu douanier
qui a voulu tout savoir sur toi
n’s’est pas senti dépaysé
quand tu as dit d’un air narquois :
« Rien à déclarer, rien à déclarer ».(bis)
Et puis t’es revenu dans la ville que tu fuyais.
Faut l’savoir que c’est toi, t’es plus pâle que l’oubli.
T’as lâché deux trois mots qui parlaient du chaos.
Y’a donc plus rien au monde en quoi tu veuilles bien croire ?
Il y a deux ans tu croyais t’être juste trompé d’ville,
maintenant tu sais qu’c’est pire : tu t’es gourré d’planète.
De l’autre côté du mur un type s’est incendié.
Toi c’est à l’intérieur que l’alcool vient brûler.
Depuis ton r’tour t’es tellement saôul,
t’as tellement rien à déclarer,
qu’tes vieux amis t’ont ramassé
en expliquant aux gens pressés :
« Rien à déclarer, rien à déclarer ».(bis)
(S’il y a quelque chose à déclarer, c’est qu’il n’y a rien à déclarer, non
vraiment vraiment rien à déclarer. N’insistez pas, monsieur
l’douanier, restez tranquilles, vous les gens pressés, y’a rien non
vraiment rien à déclarer)
« Rien à déclarer, rien à déclarer ».(bis)

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