9 – Sécurité sociale

Ecouter

Lire

Je suis un gars bien assisté
qu’la société n’laisse pas tomber.
Elle garantit mes libertés
et elle préserve ma santé.
On me donne vraiment toutes mes chances,
et vu que j’paye mes assurances,
j’espère qu’il ne va rien s’passer
jusqu’aux prochains congés payés.
Y’a des cachets pour l’mal de nez,
des pilules pour la vésicule,
des comprimés si j’suis pressé,
des gélules pour les testicules.
Y’a des granulés pour bébé,
des pastilles pour toute la famille,
et si un jour je suis méchant,
y’a des nouveaux médicaments.
Si par malheur j’perds mon boulot,
j’en veux un autre tout aussitôt.
Rester au lit, râter l’métro,
rien qu’d’y penser j’ai froid dans l’dos.
Le travail c’est pas par hasard
si d’l’arrêter ça rend bizarre.
Quand on y passe huit heures par jour
ça prouve bien sûr qu’on est fait pour.
Y’a des vitamines pour l’usine
et des piqûres contre la vie dure,
des syndicats pour l’patronat,
des dentistes pour les anarchistes.
Y’a des rustines si j’suis crevé,
pour le coup d’pompe y’a l’dix degrés,
et si parfois je suis méchant,
y’a des nouveaux médicaments.
Mon temps d’loisir ça c’est sacré,
là aussi c’est organisé.
Y’a la télé et y’a Libé,
y’a l’ciné et puis l’Dubonnet.
Y’a la culture, c’est pas plus cher,
et la bonne chair c’est bien plus sûr.
J’ai tous les choix selon la loi,
j’ai même le choix d’pas faire de choix.
Y’a des crooners à couper l’beurre,
y’a des comiques et des croupiers.
J’ai des lunettes pour voir leur tête,
des amphés pour plus voir ta mine.
Y’ a du sirop pour faire dodo,
des suppositoires pour l’espoir.
Pour oublier qu’je suis méchant,
j’prends de curieux médicaments.
Si c’est l’carnage à l’intérieur,
je reste sage à l’extérieur.
Si j’me déchaîne à l’extérieur,
on m’coincera vite à l’intérieur.
La différence avec le singe,
c’est une foulure de la méninge
quand de l’arbre on descend trop vite
et qu’on a l’coeur bouffé aux mythes.
Y’a des ampoules si j’perds la boule,
des cataplasmes pour les fantasmes,
des dispensaires pour le mal dedans,
des hôpitaux pour le mal dehors.
Y’a des seringues si j’deviens dingue,
et du valium pour les droits de l’homme.
Mais depuis que je suis méchant,
je ne prends plus d’médicaments.

Télécharger

Comments

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *